Ateliers
Session 1. Décrire, c'est déjà analyser
Quelques retours sur vos pages individuelles de la première session
Ambre
Ton protocole de description est très clair, et il me semble que tu trouves quelque chose d’intéressant avec cet effort de description par le souvenir. Ça pourrait être un protocole performatif de ta recherche, pour cultiver ton idée du raccord, de l’interstice, dans ce qui est toujours en travail : les souvenirs, imparfaits, sont constitués de ces interstices qui ne donnent pas une attache claire aux images, mais les laissent flotter.
Puis ça résonne bien avec ces images que tu ajoutes, des écrans pris dans le noir… On n’y voit pas grand-chose, nous-mêmes, on ne peut pas accéder à l’oeuvre, ni dans l’espace, ni dans le temps, on a seulement ces différents rectangles qui agissent comme des indices, et ton souvenir.
Le moment de « vérification », qui vient nous donner l’illusion de « combler » les interstices, de donner des réponses, ne remet pas en question (et au contraire), les impressions plus personnelles que tu avançais au départ.
Enfin, tu ouvres une piste intéressante avec le corps, qui se met en contact avec certains flux d’images. Où est le corps dans l’installation vidéo ? Quand il entre dans la salle, quand il déambule, quand il se met en dialogue avec l’un des écrans, quand il fait le trajet qui relie un écran à un autre ?
Je n’ai pas bien compris ta conclusion ou « résultats » ; à préciser !
Bettina
L’image annotée avec les dimensions du bâtiment puis le genre de questionnaire (presque un « entretien ») permettent d’avoir des informations sur l’architecture qui t’intéresse. Cependant, le protocole n’est pas ou plus clair pour moi (malgré le commentaire des camarades ajouté pendant la présentation !). Tu te bases sur un compte Instagram d’architecture et utilises leur questionnaire pour observer ce bâtiment c’est bien ça ? Il y a des subtilités qui seraient à préciser. En tout cas l’idée de cette grille de question permet de situer avec efficacité le bâtiment et d’anticiper toute une série de questions. À poursuivre alors, car il y a un ensemble de questions qui ont été mise de côté.
Célestin
Ta page est une composition parfois difficile à lire, mais c’est peut-être aussi le but que tu recherches. On navigue entre les encadrés, entre des bribes de sensations, qui viennent et partent, comme les allers-retours.
Les protocoles de Nogo Voyage t’intéresseront sûrement, nous avons vu ensemble les voyages immobiles au Forum des halles, mais iels ont fait d’autres choses encore, notamment sur le RER B et les cartes postales… Va également voir l’uchronie d’Alina Buchberger (dans le volume des Gens d’Uterpan) que j’évoquais en cours, où il s’agit de faire des cercles dans les couloirs du métro en jouant avec le flux des déplacements des usagères·ers. Une autre référence à laquelle je pensais, Untitled (On an escalator ... turning around, I look into the eyes of the person standing behind me…) de Jiřà Kovanda, je ne sais plus si on en avait parlé.
Tes protocoles d’observation sont en train d’émerger et on aurait envie que tu les développes.
Etienne
Travail intéressant, sur la matérialité de souvenirs pellicule, en particulier autour du processus de visionnage, avec « un temps supérieur de mise en place à celui de visionnage ». On est bien dans une matérialité concrète (« chaque film dure environ 3min 30, mais il faut doubler le temps en comptant le rembobinage, en ajoutant aussi du temps de mise en place des pellicules sur le projeteur »).
Ce temps de mise en place « abîme » (?) également ou plutôt affecte ton rapport aux images, au sens où cela accidente la fluidité du visionnage. Peut-être y’a-t-il un lien à faire avec ce que les altérations dont tu parles font aux sujets filmés pour les spectateur·ices ? Il y a comme une série de difficultés qui nous séparent de ces figures, pour se confronter à elles, et cela commence avec la manipulation de la pellicule, pour se poursuivre ensuite avec les éclats que cette pellicule porte et qui affecte les images… Différents accrocs qui structurent ensuite le face-à -face avec les images… Mais j’exagère sûrement ici !
Ton protocole n’est pas tout à fait clair : tu arrêtes le projecteur et donc le film de 3 minutes, à chaque fois que tu veux noter quelque chose ? Mais il n’est pas possible de faire un arrêt précis c’est ça ? Tu peux le faire si tu passes par un processus de numérisation, mais qu’est-ce que cela provoquerait ? Tu poses les post-its directement sur les bobines, un rapport à la matérialité, encore une fois, mais pour noter quoi exactement ? Quelle différence avec les autres notes ? Quand tu dis « le but et d’analyser et non de se remémorer. » : c’est délicat ! En tout cas, rester attentif aux altérations reste très clair.
L’idée d’être déçu de l’« excellente conservation » des images est aussi percutante ! Cette matérialité qui s’affirme dans les accrocs matériels de la pellicule agit comme un gage d’authenticité, et devient une esthétique qu’on peut voir par exemple dans les filtres photos (« effet pellicule » qui consiste à rayer l’image, les colorimétries sépia, etc.), ce serait sûrement un point important à creuser pour ton sujet, et c’est ce que tu évoques quand tu parles d’« esthétisation par l’imprécision » j’imagine.
Ensuite, les images que tu exposes sont impressionnantes, on aurait beaucoup à dire, mais d’où viennent-elles ? Tu parles d’un « fond d’archives externe » : c’est ambiguë. Il y a peut-être à bien préciser les images sur lesquelles tu vas travailler et pourquoi. Le lien familial peut en être un, mais tu peux aussi donner de la place à ces images aux altérations plus spectaculaires. Il faudra questionner dans tous les cas les chemins que tu empruntes.
Hortense
La page que tu présentes sur le site est plutôt une réflexion générale sur le terrain de ton projet de recherche et te permet de préciser les choses, mais il aurait été intéressant que tu te confrontes à un corpus ou un objet donné et que tu commences à le décrire. Tu évoques par exemple des commentaires en ligne : très bien, peut-être faut-il commencer par là , en observant certains des sites que tu évoques, et en les décrivant (« Les commentaires en ligne sur les forums de santé mentale »). Cela te donnera sûrement de la matière pour te situer plus précisément vis-à -vis des prochaines étapes de ta recherche.
En te lisant, il y a quelque chose qui émerge autour de ces premiers mots-clefs que tu lances, « Folie web fiction ». Tu pourrais t’approcher d’une certaine idée de la mise en scène de la maladie en ligne. Il y a une mise en scène et de la maladie, qui permet de diffuser des informations, de partager, mais qui peut aussi être performative parfois : ces images nous rendent malades, on s’auto-diagnostique avec des images. Il y a un double mouvement : la viralité des images et des informations en ligne peuvent nous soigner ou nous rendre malade. Là dessus, il faut absolument que tu ailles voir l’excellent film-essai, Watching the pain of Others de Lého Galibert-Laîné, c’est en ligne à cette adresse : https://lehogalibertlaine.com/watching-the-pain-of-others
Peut-être également que le concept de pharmakon, tel qu’il est développé notamment par l’association Ars Industrialis t’intéressera : « En Grèce ancienne, le terme de pharmakon désigne à la fois le remède, le poison, et le bouc-émissaire. Tout objet technique est pharmacologique : il est à la fois poison et remède. Le pharmakon est à la fois ce qui permet de prendre soin et ce dont il faut prendre soin, au sens où il faut y faire attention : c’est une puissance curative dans la mesure et la démesure où c’est une puissance destructrice. Cet à la fois est ce qui caractérise la pharmacologie qui tente d’appréhender par le même geste le danger et ce qui sauve. », https://arsindustrialis.org/pharmakon
Une autre piste émerge quand tu évoques les ARG qui permettraient de questionner la façon dont on automatise le soin aujourd’hui, quand on laisse des algorithmes, des IA, nous soigner. Comment penser l’efficacité de ces outils, le fait qu’ils soient constamment disponibles, et comment situer l’enjeu de la communication et du soin entre les humains dans ce contexte ? Pour la première idée du site web, il faudrait aller voir ce qui existe là -dessus déjà , trouver des sites où des diagnostics automatiques sont proposés ?
Concernant ton idée de commentaire pour observer des réactions, tu peux tout à fait t’impliquer en première personne, mais l’orientation de ta recherche dépendra fortement de ce que tu écris et pourquoi. Je te conseille dans un premier temps d’observer ce qui se fait et te demander quelle est ta position. Dans les protocoles que tu évoques, tu imagines intervenir, faire toi-même (construire un site web, ou déposer un commentaire), mais peut-être qu’il s’agirait d’abord d’observer la matière (et d’avoir un protocole d’observation). Créer des fictions et des communautés autour de maladie existe en ligne : comment l’observer ?
Kiyona
C’est une démarche intéressante que de comparer différent·es textes qui eux-mêmes comparent (ou permettent de comparer) différentes langues.
Ton tableau est très clair. L’importance de prendre en compte tous les éléments sensibles de ces ouvrages, leur format, leur matière, leurs contextualisations politiques, pour les auteur·ices et lecteur·ices de ces textes, mais aussi pour les graphistes, semble en effet capital. En revanche, j’ai eu plus de mal à lire ta carte mentale, mais il semble s’y jouer des conclusions fertiles.
Le développement de ta description en dehors du tableau et dans des phrases est fort utile. Pour rendre cette description précise opérante, il s’agira d’annoncer ce qu’elle te permet d’argumenter (mais nous y viendrons). Tu le fais déjà dans ton résumé à la fin. Ces descriptions vont te donner la matière pour former tes arguments autour de cette question importante de « la justesse et la justice des relations graphiques » dans des « périodiques politiques en lien avec les questions décoloniales. »
Les différentes étapes que tu donnes ne sont pas un « protocole » à proprement dit.
Bon début de biblio !
Lison
Finalement, tu as choisis de travailler sur un texte de Monique Wittig (s’agit-il d’un travail que tu avais fait précédemment ?). Le protocole est intéressant, et permet de faire apparaître des caractéristiques du roman, notamment l’unique pronom personnel « on ». En revanche je n’arrive pas bien à comprendre l’association à des images pour certaines des dénominations.
Matéo
La page que tu présentes rassemble différentes images et des questions. Je ne vois pas de description des images ou de corpus d’image. Il y a le tableau et la liste, mais il est difficile de les lire et de les comprendre sur la page.
Noam
Ta proposition sur le site n’est pas claire, on y trouve un texte de ta recherche, par ailleurs difficile à lire par ces longues lignes (j’ai dû le copier dans un autre document), accompagné de quelques images de l’autres exercices et de trois vidéos.
Dans ce texte, tu ne décris pas vraiment les objets de ta recherche, mais tu nous offres une présentation de ton sujet de recherche, le terrain qui t’intéresse tel qu’il est problématisé par deux auteurs, en particulier Goodman. C’est passionnant.
Cependant, il aurait été intéressant que tu puisse faire le lien avec les objets concrets de ton corpus, à savoir ces clips vidéos, ces sons, ces chansons – c’était en tout cas l’invitation que je vous faisais. Comment décrire ces objets ? Comment les partager à ton lectorat ? Quels vont être tes outils pour les comprendre ? On entend que tu vas avancer avec des outils de la physique, de la poésie, de la théorie des médias, que c’est cela qui va « appareiller » ton regard. Mais cela reste à voir, concrètement – et c’est un chantier particulièrement épineux que la description écrite du son ! Quel aurait été ou sera ton protocole de description qui te permet d’approcher ces différents objets ? J’aurais aimé t’entendre là -dessus.
Pour ce lien avec la physique, ça me rappelait à nouveau la·e philosophe et physicien·nes Karen Barad que nous avons évoqué·e la dernière fois pour son concept d’intra-action. Voir Meeting the Universe Halfway – Quantum Physics and the Entanglement of Matter and Meaning, mais peut-être que ça s’éloigne trop de ton projet…
Simon
Tu n’as pas repris la page, mais laissé les trois clips et un brouillon de questions que tu aurais pu te poser.
Sullivan
Ton protocole est tout à fait excellent ! Prendre à rebours la description d’un objet en se plaçant depuis une étape préparatoire fictive permet de mettre en avant les intentions à l’oeuvre (décrire, c’est déjà analyser).
Ça donne envie d’aller voir les véritables documents qui ont permis la réalisation de ce genre de spot publicitaire. Peut-être qu’il est possible de les récupérer et d’en faire des objets d’études de ton projet (des notes d’intention, des scénarios, des budgets (surtout quand on comprend comment l’argent circule…), etc.). Ces documents pourraient aussi être mis en regard d’autres récits des usages de la drogue, et de la fête. Un corpus de document venant de différentes institutions / lieux / plateformes / registres qui permettent de saisir un même événement / geste / substance…
Ă€ suivre !
Vasco
Ta page rassemble différentes tentatives, tu y as laissé la démonstration initiale que j’avais faite (!) À voir comment tu organises ton propos graphiquement pour que ce soit le plus lisible – ou sensiblement illisible (!)
En tout cas, tu démarres une contextualisation utile en décrivant les différents gestes que fais la chercheuse qui t’intéresse, notamment pour son travail des images. On voudrait à présent que tu commences à l’appliquer à certaines images spécifiques : comment procède-t-elle dans l’image que tu as choisie ? Comment peut-on la regarder avec toi ? À quoi doit-on être attentif·ves (sachant qu’on ne regarde pas la même chose, que nous avons besoin d’être guidé·es par tes propres observations) ? C’est là que doit commencer ta description.
En parcourant l’article que tu cites, je pensais au récent film Dahomey, de Mati Diop.
Concernant le protocole autour du film d’Akerman, très intéressant ! Des choses émergent en effet, mais je ne vois pas encore comment raccorder cela à ton sujet.
Session 2. Monter, c'est déjà prendre parti
Session 3. Argumenter, c'est tenter quelque chose
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